Réinventer des programmes intégrés de lutte contre la malnutrition dans les zones isolées du pays.
Malgré les multiples interventions menées au cours des deux dernières années, la situation humanitaire demeure préoccupante dans le grand sud-est, ce qui nécessite une adaptation fondamentale aux réalités des communautés.
En début de matinée, l’équipe de la clinique mobile de l’association humanitaire Médecins du Monde, soutenue par l’UNICEF, vient de débarquer par bateau dans la communauté d’Ampadimana. Ce village est à 45 minutes de trajet en longeant le canal de Pangalane depuis la ville de Mananjary, dans le sud-est de Madagascar. Sous le regard attentif des habitants locaux, ils se répartissent les tâches et entament leur installation sur les lieux. Les activités débutent par des séances de sensibilisation sur la protection de l’enfant et les violences basées sur le genre animées par Mariel, travailleur social. Cette équipe dynamique est également composée d’un médecin et de deux paramédicaux.
Raharimanana Angela, infirmière, assure la prise en charge des enfants malnutris. « Je dois examiner attentivement chaque cas afin de pouvoir davantage leur apporter mon aide », témoigne Angela. Après avoir constaté une prise de poids chez Erica, âgée de 8 mois, elle se voit administrer de la vitamine A pour soutenir le fonctionnement normal de son système immunitaire. Ensuite, l’infirmière remet à la famille les rations hebdomadaires des produits alimentaires thérapeutiques qui aideront Erica à se rétablir rapidement. Ces aliments thérapeutiques sont fournis par l’UNICEF et les donateurs notamment l’USAID, le Central Emergency Response Fund, le Gouvernement du Japon et l'Union Européenne Aide Humanitaire. Erica voit sa mère ravie de ce gain de poids. « Les cyclones successifs ont limité l'accès à la nourriture, ce qui a entraîné la malnutrition chez Erica. Je suis soulagée de constater qu'elle va mieux », confie-t-elle.
La mère de la patiente suivante exprime son inquiétude en constatant que sa fille a perdu 100g depuis le dernier contrôle, il y a une semaine. Après la prise en charge médical, elle est dirigée vers Mariel, qui est chargé du soutien psychosocial ainsi que de l'identification des raisons de cette perte de poids. À l'aide de sa boîte à images, Mariel fournit à nouveau des conseils nutritionnels à suivre pour maintenir la bonne santé de l'enfant. « Il est essentiel de discuter avec les patients car cela nous permet de trouver des solutions ensemble », dit-il.
Une équipe intégrée
Une autre équipe incluant un médecin se charge de la consultation externe, qui se déroule à proximité de la pièce. Lorie, âgée de 10 ans, a eu de la fièvre pendant les deux derniers jours. Son test pour le paludisme est positif. C'est devenu une préoccupation régulière dans ce district, où le taux de positivité atteint près de 50 % chez les personnes testées. Pourtant, les ruptures de tests et de traitements demeurent fréquentes.
La dernière analyse sur la sécurité alimentaire et la nutrition a montré que près de 459 000 cas de malnutrition aiguë sont attendus entre octobre 2023 à janvier 2024 dans les régions du Sud et du Sud Est. Il est important de pouvoir apporter une assistance humanitaire multisectorielle suffisante pour espérer sortir de cette crise.
L’équipe mobile restera à Ampadimana pour la nuit. Malgré la fatigue, ils continueront les jours suivant à longer le canal de Pangalane et à sillonner les villages éloignés. L’engagement de cette équipe illustre les efforts déployés par les acteurs pour répondre à cette crise humanitaire même en saison de pluie. Ils continuent de renforcer et d'adapter leurs actions, en mettant particulièrement l'accent sur la participation des communautés vulnérables et isolées.