Exercer comme assistance sociale et contribuer à sauver des vies.
L’assistant sociale, comme les médecins et les officiers de police judiciaire, est souvent présente dans les plus durs moments de ceux/celles qu’elle accompagne. Depuis neuf ans, Riantsoa Rakotoarimanana exerce ce métier au Centre Vonjy d’Antananarivo.
L’assistant sociale, comme les médecins et les officiers de police judiciaire, est souvent présente dans les plus durs moments de ceux/celles qu’elle accompagne. Depuis neuf ans, Riantsoa Rakotoarimanana exerce ce métier au Centre Vonjy d’Antananarivo.
Riantsoa Rakotoarimanana travaille au Centre Vonjy, le centre de prise en charge des enfants victimes de violences sexuelles depuis 2015. Elle est responsable de la prise en charge psychosociale des enfants victimes de violences sexuelles ainsi que de leurs familles et qualifie sa tâche de « grand engagement ». « Notre travail nous exige de rester tout le temps objectif vis à vis des victimes, de bien maitriser nos émotions face aux différentes décharges émotionnelles, des victimes comme des accompagnateurs » raconte-t-elle.
Le défi est quotidien et fait appel à des qualités qui se construisent avec l’expérience. « L’empathie et l’écoute positive demande une bonne expérience. Souvent ici, le nombre de victimes accompagnées journalièrement dépasse largement notre capacité physique et psychologique » témoigne Riantsoa. Elle collabore avec une autre assistante sociale et ensemble, elles gèrent plus d’une centaine de cas par mois. « Exercer le métier en tant que professionnel diplômé en service social est un atout majeur. Et heureusement que mon mari et mes deux enfants me comprennent et me soutiennent, ce qui est un autre point positif » dit-elle. Le risque que les situations affectent la vie familiale personnelle est énorme.
Les violences sexuelles envers les enfants engendrent des conséquences graves et durables sur la santé physique et mentale des victimes ainsi que sur leur parcours éducatif, professionnel et affectif. C’est pourquoi dès leur arrivée au Centre Vonjy, l’assistance sociale rassure les victimes et leurs familles. Elle s’attèle à l’instauration d’une relation de confiance, garant de tout le processus d’accompagnement, mais également afin de favoriser l’expression des ressentis, le rétablissement de la relation de confiance entre parents-enfants ou encore la réhabilitation de l’estime de soi selon les forces saines des victimes. L’assistante social collabore aussi avec les autres membres du Réseau de protection de l’enfant pour les activités de réinsertion au niveau de la famille, en milieu scolaire ou au sein de la communauté.
Renforcer l’éducation parentale
Aujourd’hui, l’effectif des jeunes victimes de viol ou autres formes de violences sexuelles se multiplie de façon alarmante. Il s’agit surtout de jeunes victimes de détournement de mineurs ou qui choisissent de fuguer. L’assistante sociale pointe alors du doigt l’insuffisance de l’encadrement familial. Ces enfants cherchent de l’affection dans les mauvaises fréquentations, d’où l’importance du renforcement de la responsabilité parentale.
Afin de limiter les nombres de cas, Riantsoa Rakotoarimanana lance un appel pour le renforcement de l’éducation parentale, ainsi que des activités de prévention et d’autoprotection des enfants et des jeunes face aux violences. Les violences en lignes, entre autres sont citées comme facteurs des violences sexuelles. Elle soutient également le recrutement d’autres assistantes sociales ou travailleurs sociaux diplômés par le ministère de la santé ou de la population pour étoffer l’équipe du centre Vonjy.
« Ce qui me plait dans mon métier, c’est de réaliser qu’un enfant victime de violence sexuelle et ses parents parviennent au stade de la résilience » poursuit-elle toujours. En 2023, grâce à leurs interventions, 982 enfants victimes de violences sexuelles ont bénéficié d’un accompagnement psychosocial. 669 cas ont été orientés vers la « Maison de droit ». 831 ont été réinsérés positivement dans le milieu scolaire. 770 accompagnements familiaux ont réussi grâce à des séances de médiation familiale et enfin 695 enfants et jeunes ont pu bénéficier d’éducation sexuelle.