Dans les zones rurales, les travailleurs sociaux sont confrontés à de nombreux obstacles.
Dans un pays où la compréhension de la protection de l'enfance et des violences basées sur le genre reste limitée, les travailleurs sociaux se rendent dans les zones reculées pour soutenir les communautés et promouvoir une prise de conscience accrue.
Après une semaine de pluie incessante, le soleil est de retour sur le canal de Pangalane, dans le sud-est de Madagascar. Au lever du jour, Mariel Botoanasatra, un travailleur social, et l'équipe de la clinique mobile de l'association humanitaire Médecins du Monde ont quitté la ville de Mananjary et naviguent sur la rivière pour rejoindre les communautés éloignées. « Accéder à ces villages n’est pas une mince affaire en raison du mauvais état de la route. Parfois, après avoir navigué sur le canal, qui est la voie la plus pratique pour atteindre ces endroits reculés, nous devons marcher pendant des heures", témoigne Mariel.
Une fois arrivé au premier village d'Ampadimana, c'est Mariel qui descend en premier du bateau pour débuter la mise en place sur le site. Il commence ensuite à rassembler les villageois et anime les activités relatives à la protection de l’enfant et les violences basées sur le genre. « Ce sont des sujets vécus au quotidien par ces individus, mais souvent ils en sont inconscients en raison des traditions ou des normes sociales », explique Mariel. "Mon travail ne se limite pas à sensibiliser la communauté aux bonnes pratiques sur comment protéger ses enfants et ses proches face à ces violences, mais aussi à fournir des conseils individuels en privé adaptés à chaque personne en fonction de ses besoins", poursuit-il.
À Madagascar, les enfants font face à de multiples formes de violence. Neuf enfants sur dix âgés de 10 à 14 ans ont subi des méthodes de discipline violente. Une fille sur cinq âgée de 15 à 19 ans a déclaré avoir subi de violences physiques et une fille sur dix avoir été victime de violences sexuelles. Deux femmes sur cinq âgées de 20 à 24 ans ont été mariées ou en union avant l'âge de 18 ans. L’UNICEF et ses partenaires avec l’appui financier des donateurs comme la Commission Européenne pour l’Aide Humanitaire soutiennent ces travailleurs de première ligne pour améliorer la situation dans ces régions, particulièrement vulnérables.
Des services de soutien psychosocial
Pendant que les autres membres de l'équipe prennent en charge les enfants malnutris et malades, Mariel se retire dans l'église voisine pour rencontrer individuellement ceux qui ont demandé à discuter avec lui en privé. Les services fournis varient en fonction de chaque cas spécifique, allant du soutien psychosocial aux conseils pratiques sur la protection de l'enfant, et même à l'utilisation de la boîte à suggestions dédiée pour recueillir des commentaires sur le comportement de l'équipe. Ceux qui hésitent à le consulter individuellement peuvent faire part de leurs préoccupations au comité villageois, qui collabore étroitement avec ces travailleurs sociaux.
Mariel et ses collègues assurent également la gestion des cas, en fournissant principalement un soutien psychosocial et médical. Les personnes peuvent être référées au centre de santé ou à l'hôpital de Mananjary, en fonction de la gravité des cas. Les services tels que le transfert et les frais médicaux sont pris en charge par l'association humanitaire.
Mariel et l’équipe mobile resteront à Ampadimana pour la nuit. Malgré la fatigue, ils continueront les jours suivant à longer le canal de Pangalane et à sillonner les villages éloignés. L’engagement de Mariel et de cette équipe illustre les efforts déployés par les travailleurs sociaux pour protéger et accompagner les enfants et les personnes vulnérables vivant dans les communautés éloignées, et même en saison de pluie.