Paludisme : des mesures concrètes pour prévenir la maladie et protéger les familles
Traitement Préventif Intermittent pour les femmes enceintes et campagne de prévention pour les enfants de plus de 6 ans, des dispositions sont prises pour endiguer le paludisme dans le district de Fort-Dauphin
Ankaramena, Fort-Dauphin. Ce matin-là, la file d’attente est longue pour être reçue par Natacha Saholitiana Raivonjanahary, la sage-femme et cheffe par intérim du centre de santé de base, de niveau II. En décembre, forte saison des pluies, le paludisme dans cette partie de l’île atteint son pic et quasiment tous les membres de la famille en sont atteints. « Quand arrive le paludisme saisonnier, nous recevons en journée le nombre de patients dont nous nous occupons en semaine en périodes plus calmes » soupire-t-elle. La journée s’annonce particulièrement longue car il faudra consulter des pères, des mères, des enfants…la famille entière dans la plupart des cas.
Marcia, 29 ans, est passée par là il y a encore quelques mois. Elle se souvient comme si c’était hier de cette difficile épreuve. À seulement deux mois de grossesse, elle n’a pas pu accéder au traitement préventif intermittent qui est la pratique routinière pour protéger les femmes enceintes du paludisme. « J’ai été hospitalisée pendant trois jours car j’ai été atteinte de paludisme grave. C’était très dur car j’avais beaucoup de fièvre. J’avais peur pour moi et pour mon bébé à cause de l’anémie provoquée par la maladie » se rappelle-t-elle. En effet, le traitement préventif intermittent est destinée aux femmes enceintes à partir du troisième mois de grossesse et est administré lors des consultations prénatales mensuelles auprès du centre de santé de base. Aujourd’hui à 6 mois, Marcia se sent plus rassurée. « Je peux toujours contracter le paludisme, mais elle sera moins dangereuse pour moi et pour mon bébé » fait-elle savoir.
Au centre de santé de base, les médicaments pour le traitement préventif intermittent sont disponibles et permettent d’accompagner les femmes enceintes pour faire face à cette maladie saisonnière. L’acheminement des intrants, afin d’écarter toute rupture du traitement, est rendu possible grâce à l’UNICEF, appuyé par le financement de UN Foundation. Ainsi, de janvier à octobre 2023, aucune femme enceinte n’a été atteinte de paludisme grave, tandis que très peu de femmes enceintes ont été atteintes de paludisme simple, selon le tableau de suivi du paludisme au sein de l’établissement. « Nous recommandons aux patientes de prendre les médicaments pendant qu’elles sont encore en consultation. Comme cela, nous sommes sûrs que le traitement est suivi et qu’elles sont protégées » explique la sage-femme.
Veille de la campagne de prévention
Ce jour-là, c’est aussi la veille du lancement de la campagne de prévention du paludisme, appelée Campagne de chimioprophylaxie saisonnière. Sur quatre jours, chaque enfant avale une série de comprimés afin de faire barrière contre la maladie. Le cycle sera renouvelé quatre fois, jusqu’au mois de mars 2024.
Jeannette, 60 ans est agent communautaire mais aussi femme de ménage du centre de santé de base. Avec ses pairs, sous la supervision minutieuse de la cheffe du centre par intérim, ils mettent au point les derniers préparatifs. L’objectif est de s’assurer lors des visites à domicile que chaque enfant cible bénéficie des médicaments. Cette approche permet d’approcher les familles qui vivent loin du centre de santé, pour leur apporter les informations liées à la maladie et éviter l’automédication qui reste une pratique courante. Les agents communautaires reçoivent leur kit composé d’une casquette, des fiches individuelles à remplir, du registre et des médicaments.
« En pleine saison, pas moins d’une centaine d’enfants sont testés positifs ici. Voilà pourquoi cette campagne est très importante car elle atténue grandement le nombre d’enfants contractant la maladie » soutient Natacha Saholitiana Raivonjanahary. « Dès que la campagne est annoncée, les familles attendent impatiemment la visite des agents communautaires car elles connaissent les risques d’aggravation de la maladie et sont réceptifs au traitement » poursuit-elle.
L’UNICEF, avec le soutien de UN Foundation, a permis l’acheminement de tous ces produits au niveau des démembrements du ministère de la Santé Publique, afin que ceux-ci arrivent à temps auprès de ces centres de santé de base au niveau des districts.